Les gars et les filles
Photo : Antoine Beysens |
Pas de course aujourd’hui à La
Grande Motte pour cause de vent trop fort (25/30 nœuds de tramontane). Le début
des phases finales est donc reporté à demain vendredi. C’est l’occasion de se
pencher sur un sujet d’actualité incarné dans son aspect sportif par le
Nacra17 : mixité, parité et partage des tâches.
La grande originalité du Nacra17, c’est la mixité.
L’imposition d’un gars et d’une fille à bord d’un même bateau. A partir de là
se pose une cruciale : qui conduit et qui occupe le siège passager ? Sachant
que le passager en question est responsable des manœuvres et d’une grande
partie de la stratégie. Pour l’instant, il y a plus d’hommes pilotes que de
femmes : sur ce Championnat d’Europe, 1/3 des équipages présente des filles à la barre (24 filles sur 71 teams).L’explication
la plus naturelle à cet état de fait : les garçons ont historiquement une plus grande expérience
du catamaran de sport à haut niveau que leurs homologues féminines. On leur
donne donc le volant. Pourtant, ils seraient plus aptes, physiquement, à être
d’efficaces « manœuvriers ». Les conditions de navigation musclées
qui sévissent sur cette épreuve mettent en exergue l’aspect très physique du
Nacra 17 pour l’équipier.
Quel est donc la configuration idéale ? Pour l’instant, le haut du classement général
provisoire est plutôt occupé par des tandems au sein desquels les garçons ont
le manche. C’est le cas de Billy Besson/Marie
Riou (FRA), Vittorio Bissaro/Silvia Sicouri (ITA), Allan Norregaard/Line
Just (DEN), Jason Watherhouse/Lisa Darmanin (AUS), Euan Mc Nicol/Lucinda Whitty
(AUS) et Iker Martinez/Tara Pacheco (ESP). Les premiers à présenter une
configuration inverse sont les Anglais Lucy MacGregor et Andrew Walsh (7e),
suivis de peu par Audrey Ogereau et Matthieu Vandame (FRA, 8e). Dans le top 16,
on trouve six équipages où les filles barrent… exactement la même proportion
que sur l’ensemble de la flotte. Quelle sera la tendance dans les prochaines
années, alors que la classe n’a que deux ans et demi d’existence ? Chacun
a son avis sur la question…
Franck Citeau, entraîneur de l’équipe de France : « Après
Rio, c’est la fin des hommes qui barrent »
“ Pour moi, l’unique configuration qu’il y aura sur la
prochaine olympiade, ce sera une fille à la barre et un garçon en tant
qu’équipier. Pour cette campagne-là, il y avait beaucoup plus de garçons ayant
une expérience du catamaran (issus du Tornado, de la Formule18), comparé aux
filles. Du coup, ils ont un avantage sur
l’agressivité au départ, dans le maniement du bateau et dans la culture du
réglage des catas. Une fois que les filles auront comblé ce retard, dès la fin
de cette olympiade, ce seront les dernières heures des hommes à la barre !
C’est mon expertise personnelle. Peut-être ai-je tort. Mais tu t’aperçois vite,
que ce bateau, dès qu’il y a du vent, impose
une grosse dominante physique. C’est un bateau qui demande d’être
dominé. Si tu ne le domines pas, c’est
lui qui te domine. Il faut donc de la force physique dans les manœuvres. Je pense
que les nations qui commencent à former des équipages avec des filles à la
barre, comme les Hollandais ou les Anglais, seront au rendez-vous dans les
prochaines années.
Mitch Booth, entraîneur de l’équipe hollandaise :
« On devrait avoir deux séries : un cata féminin et un cata
masculin »
“ C’est un bateau très physique pour l’équipier. Dans le
vent fort, ce doit être exténuant. Donc, dans la brise, il y a un avantage aux hommes qui équipent. C’est plus facile pour eux. Je pense toutefois
que toutes les combinaisons peuvent gagner, quel que soit le type de condition
de vent. La preuve avec Billy Besson et Marie Riou.
Mais pour moi, honnêtement, le Nacra 17 devrait être un bateau exclusivement féminin et il devrait y avoir un autre multi aux J.O pour les hommes. C’est super que les filles soient là, en catamaran, même si c’est de façon obligatoire. Mais je pense qu’il y a la place pour un bateau pour les filles et un pour les garçons. Je ne pense pas que la mixité soit forcément une bonne idée. Peu de sports olympiques le sont. Il y avait le tennis, mais ça a fini par disparaître. On ne voit pas du lancer de poids ou de javelot mixte aux Jeux…
Comme je l’ai dit, je suis vraiment favorable à ce qu’il y ai des filles en catamaran, parce qu’on en manquait jusque-là et d’ailleurs le Nacra17 est un support parfait pour elles. Le poids moyen de l’équipage est de 120-140 kg mais la tendance est d’avoir des équipages de plus en plus légers. 120 kilos à eux, c’est trop léger pour un garçon. Alors pour moi : deux filles sur un même bateau, c’est la configuration idéale, comme dans toutes les autres séries voile olympiques.
Mais pour moi, honnêtement, le Nacra 17 devrait être un bateau exclusivement féminin et il devrait y avoir un autre multi aux J.O pour les hommes. C’est super que les filles soient là, en catamaran, même si c’est de façon obligatoire. Mais je pense qu’il y a la place pour un bateau pour les filles et un pour les garçons. Je ne pense pas que la mixité soit forcément une bonne idée. Peu de sports olympiques le sont. Il y avait le tennis, mais ça a fini par disparaître. On ne voit pas du lancer de poids ou de javelot mixte aux Jeux…
Comme je l’ai dit, je suis vraiment favorable à ce qu’il y ai des filles en catamaran, parce qu’on en manquait jusque-là et d’ailleurs le Nacra17 est un support parfait pour elles. Le poids moyen de l’équipage est de 120-140 kg mais la tendance est d’avoir des équipages de plus en plus légers. 120 kilos à eux, c’est trop léger pour un garçon. Alors pour moi : deux filles sur un même bateau, c’est la configuration idéale, comme dans toutes les autres séries voile olympiques.
Lucy Mac Gregor,
barreuse de GBR 42 : « Beaucoup de filles se blessent, plus que les garçons »
« Je pense qu’on pourrait avoir les deux configurations sans problème. Mais les bateaux sont très physiques. Je n’envie pas particulièrement les filles équipières. Elles doivent bosser super dur à l’avant du bateau et personnellement, je pense que c’est un avantage d’avoir quelqu’un de physiquement fort à ce poste. Toutefois, quand le vent n’est pas trop fort, ce n’est pas vraiment un problème.
« Je pense qu’on pourrait avoir les deux configurations sans problème. Mais les bateaux sont très physiques. Je n’envie pas particulièrement les filles équipières. Elles doivent bosser super dur à l’avant du bateau et personnellement, je pense que c’est un avantage d’avoir quelqu’un de physiquement fort à ce poste. Toutefois, quand le vent n’est pas trop fort, ce n’est pas vraiment un problème.
C’est difficile dans une série olympique, parce qu’on est tous sur un pied d’égalité quoi qu’il arrive. A la fin, il y a Rio et il faut se qualifier, survivre jusque-là. Il y a pas mal de filles qui se blessent plus que les garçons. Mais il faut résister à ça, naviguer le plus possible, régater le plus possible pour être assez fort au moment des échéances.
Il y a des filles talentueuses qui barrent en Nacra : Mandy, Renee, Pipa, les Françaises. Il y a une super ambiance au sein de la flotte et il n’y a pas d’équipage type. Personne ne sait si c’est mieux d’avoir une femme ou un homme à la barre. »
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